Résumé :
Liz est subjuguée. Au point d’en oublier de prendre les photos. Mais c’est plus fort qu’elle, dès que ce jeune danseur de capoeira est apparu, elle a été envoûtée. Par la puissance gracieuse de ses mouvements, par les perles de sueur sur sa peau dorée, par son corps ciselé...Il s’appelle Flávio, et il embrase ses sens comme aucun homme avant lui. Alors, quand elle demande une autre séance photo avec la troupe de danseurs et que le responsable lui annonce que seul Flávio est volontaire pour servir de modèle, le cœur de Liz se serre d’excitation et d’appréhension. Mais le danseur a posé une condition : qu’elle porte une jupe...
Avis de TeaCup :
Pour commencer, je trouve que la danse et la photographie sur une nouvelle, c’est une belle idée. Cela fonctionne assez bien, même si « une rafale de trois photos » m’a un peu fait sourire (comme de dire exactement chaque nombre de photos, mais pourquoi ?) bref, on s’en fiche, l’intérêt n’est pas là ! Il est dans une volonté de retranscrire un rythme, une atmosphère et Mme K Baran y parvient assez bien. Certains mouvements de danses sont durs à comprendre sur les descriptions, mais la capoeira est vraiment un art particulier et effectivement décrire certains mouvements semble complexe. On ne se perd pas trop, non plus. Le monde de la photo est assez bien retranscrit lui aussi et on finit par voir certaines scènes par flash successif.
Ce qui est particulièrement bien mené et la comparaison du photographe qui tente de happer le sujet, de le capturer et de rapprocher ça du désir. Même si la nouvelle est courte la scène de sexe qui découle de la confrontation photographique (je ne vais pas expliquer trop, histoire de ne pas spoiler) est vraiment vraiment bien. J’ai trouvé ça immersif, un peu transgressif sans en devenir gênant, j’aurais aimé que ça aille bien plus loin ce jeu. Que ça ne soit que ça. D’où la petite déception que ça s’arrête et continue sur un film narratif plus commun. Un peu comme si après un point d’orgue on repartait sur une gamme classique. Dommage ! Sinon c’était un coup de cœur cette petite nouvelle ! Flavio est cette fois-ci à égalité avec Élise et j’ai aimé les suivre tout autant. Le cru chez Valery K Baran côtoie étroitement la romance. J’ai encore du mal à délimiter si j’en suis contente ou si je le regrette un peu. Sur une nouvelle si courte, j’aurais préféré un coup de folie qu’un coup de cœur, je crois. Ceci dit, c’est romantique, ça parle et c’est vraiment bien mené, donc on passe un très bon petit moment de lecture surtout à un tel prix (moins qu’un café dans un bar ! ) ne boudez pas votre plaisir, lisez « Un corps qui danse ».
Extrait :
Elle devait reconnaître qu’il captait si merveilleusement la lumière qu’il n’avait vraiment pas besoin d’elle pour briller. Très vite, d’ailleurs, elle n’avait plus pris que lui, négligeant les autres danseurs et les musiciens. Les photos de la répétitions’arrêtaient. Elle fit une pause, faisant tourner de droite à gauche son fauteuil, réfléchissant. Pour une exposition moins prestigieuse, ce qu’elle avait pris pourrait probablement passer ; mais là, elle ne pouvait s’en contenter. Et puis surtout… Elle fit de nouveau défiler des images. En aucun cas elles ne rendaient hommage au spectacle auquel elle avait assisté. Flávio était superbe, dans chacune de ses poses, mais où était le mouvement ? Où était l’aérien ? Où étaient la magnificence, la magie ? Ça ne valait rien ! Ça aurait dû être transcendant et ce n’était que banal !
Dans un geste de découragement, elle laissa tomber le haut de son corps en avant, posant le front sur son clavier.
Lorsqu’elle releva finalement le visage, Flávio la dévisageait sur l’écran, de ce petit regard en coin qu’il avait eu, assorti de ce sourire qui semblait dire : « je sais que les photos que tu es en train de prendre dépassent du cadre de ton travail ».
Elle l’observa plus attentivement.
Ou peut-être disait-il simplement : « Je sais. »