— Alors nous ne serons pas amis.
— Et si j’ai envie d’être plus qu’un ami ?
— Alors nous ne serons rien du tout.
Emma a tout fait pour empêcher Evan d'entrer dans sa vie. Non pas parce qu'il la laisse indifférente, bien au contraire, mais parce que personne ne doit savoir. Savoir qui elle est vraiment, quelle est son histoire, et surtout, ce qui l'attend tous les soirs, quand elle rentre chez elle...
Au milieu d’un océan d’obligations, de peurs… Il y a donc la rencontre avec l’amour et le personnage d’Evan. J’ai beaucoup aimé le rapprochement progressif, l’amitié trouble… ça fonctionne toujours, on adore lire ce genre de relations en romance. L’auteur avance petit à petit dans le cheminement et on s’émeut de cette jolie histoire.
Le roman est touchant et assez juste globalement. Il traite de la maltraitance et n’évite pas quelques scènes dures, voire très dures. Mais ce qui fait que je n’ai pas réussi à rentrer jusqu’au bout dedans sont les quelques incohérences qui Dieu merci finissent par être reconnue par l’auteur et inclut dans l’histoire : voir une telle maltraitance et que personne ne se rende compte de c qui se passe manque cruellement de réalisme. Bien sûr, ce genre de problème peut rester secret très longtemps, mais quand l’enfant ne fait pas de sport avec des vestiaires ou que l’adulte maltraitant frappe au visage, tout de suite, on y croit beaucoup moins.
Certains aspects du livre (tout ce qui concerne Drew) m’a pas mal surprise, je ne m’attendais pas à une telle évolution et je me suis demandé si l’auteur ne jouait pas un peu « la montre » pour prolonger son roman. Ce n’est pas inintéressant, mais on sent le détour un peu forcé. On attend la suite, pour faire court et c’est dommage.
Donc voilà, de beaux points positifs une héroïne qui n’est pas une victime malgré tout – pari difficile et réussi – un héros touchant et patient, dans le genre « mec bien » (oui ! on sort des bad boy !) mais pas mou pour autant, l’amie de l’héroïne aussi marche bien, l’aveuglement du tonton… tout ça m’a plus. Par contre la fameuse vilaine marâtre manque un peu de nuance, tous comme les enfants qui font tenir l’héroïne alors que ce ne sont que des fantômes qu’on voit rarement. Dommage. Cela aurait renforcé le récit. Un peu plus de réalisme sur la maltraitance aussi. Je lirais le deux avec plaisir surtout vu le cliffhanger de fin : on veut savoir la suite ! Mais je ne peux pas le saluer et dire qu’il a « changé ma vie » comme j’ai pu lire, pas à ce point.
Inexistante.
Inspirer.
Souffler.
Les yeux humides et la gorge serrée, j'ai avalé ma salive. Énervée par ma propre faiblesse, j'ai essuyé rageusement la larme qui glissait sur ma joue. Je devais chasser ces pensées. Et tenir le coup.
Mon regard a erré sur les rares meubles de ce qui me tenait lieu de chambre : un vieux bureau et une chaise bancale achetés dans un vide-greniers, ainsi qu'une petite commode qui avait dû, elle aussi, connaître de nombreux propriétaires. Aucune photo aux murs, pas le moindre souvenir de ma vie d'avant. Cette pièce était mon refuge, le seul espace où je pouvais me retirer, cacher ma souffrance, à l'abri des regards assassins et des mots cinglants.
Comment m'étais-je retrouvée là ? La réponse était simple : je n'avais pas d'autre endroit où aller. Ils étaient la seule famille qui me restait. Les seuls à pouvoir m'accueillir.
Pour échapper à ces sombres pensées, je me suis allongée sur mon lit et j'ai essayé de me concentrer sur mes devoirs. En tendant le bras pour attraper mon livre de maths, j'ai laissé échapper un gémissement. La douleur était déjà bien là, une douleur lancinante qui me transperçait l'épaule. Les souvenirs ont aussitôt resurgi. La colère est montée en moi. J'ai serré les poings de rage, les mâchoires crispées, tandis que les images défilaient devant mes yeux.
Respirer.
J'ai fermé les paupières et pris une profonde inspiration pour laisser le vide m'envahir. Il fallait à tout prix lutter, ne pas laisser ces pensées gagner mon cerveau. Je me suis plongée dans mon livre.
C'est un léger bruit à ma porte qui m'a réveillée, une heure plus tard. Je me suis redressée vivement et, scrutant l'obscurité de la chambre, je me suis efforcée de reprendre mes esprits.
- Oui ? ai-je dit, tendue.
- Emma ? a répondu une voix flûtée tandis que ma porte s'ouvrait tout doucement.
- Tu peux entrer, Jack.
Sa petite tête est apparue dans l'entrebâillement. Il a jeté un oeil autour de moi avant de me regarder d'un air inquiet. Du haut de ses six ans, il avait déjà compris beaucoup de choses.
- Le dîner est prêt, a-t-il annoncé en baissant les yeux.