J’ai tout de même trouvé que l’auteur avait une jolie plume et développait son thème avec sensibilité. Le jeu de questions-réponses m’a beaucoup plu et voir les héros grandir reste quelque chose de plaisant dans un livre. Surtout que dans celui-ci, ils grandissent et évoluent beaucoup.
Le thème fille « vilain petit canard » et héros beau gosse qui redescend sur terre et qui apprends à voir plus loin que le bout de son nez est un classique qui marche toujours et l’auteur le traite avec intelligence. Si certains aspects très américains (le onze septembre et ses répercussions sur la politique qui en ont découlé, la religion et la place de la religion dans la vie) sont effectivement très marqués, ils ne m’ont pas gênée.
Fern est une héroïne très attachante, ce qui fait plaisir – ras-le-bol des héroïnes qu’on a envie de baffer d’un bout à l’autre ! – et son rapport au héros est touchant. Ambrose évolue au fur et à mesure du livre et j’ai beaucoup aimé certaines réflexions autour du deuil. Les scènes de pure romance fonctionnent bien et finalement, j’ai même trouvé qu’il n’y en avait pas assez tellement elles étaient mignonnes. Le personnage qui m’a le plus plu reste Bailey. L’auteur ose vraiment interroger avec ce personnage et presque à lui seul il m’aurait déjà intéressée. Sa relation d’amitié avec Fern, son vécu m’aurait suffi. Je n’ai rien contre Ambrose et Fern, mais finalement, même sans ça cela aurait pu fonctionner – peut-être même mieux pour moi… Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai pensé au livre Wonder, de R.J Palacio que j’ai adoré et dont les interrogations m’ont semblé proches. Le côté hymne à la vie, au courage, à affronter la différence, vivre malgré tout…
Bref une jolie romance, un héros qui ne m’a pas semblé si détruit qu’on peut le lire un peu partout, mais en plein deuil, oui. Voir des héros qui se reconstruisent l'un l'autre et dont la relation est bien équilibrée – j’ai vraiment trouvé qu’ils s’apportaient l’un l’autre à tour de rôle – et j’ai beaucoup aimé cet aspect de romance traditionnelle, même si on ne tombe dans le cliché grâce au vécu d'Ambrose.
Une jolie romance pas inoubliable, comme j’ai pu le lire, mais en tout cas un beau moment qui donne envie de lire d’autres livres de cet auteur car elle sait dépeindre ses personnages.
Fern se dirigea vers la maison de Bailey. Elle s’ennuyait et avait terminé tous les livres empruntés à la bibliothèque la semaine précédente. Elle trouva son ami assis sur les marches en ciment qui menaient à son perron, immobile comme une statue, les yeux rivés sur le trottoir face à lui. Il ne fut tiré de sa rêverie que lorsque le pied de Fern parvint tout près de l’objet de sa fascination. Il cria et elle l’imita immédiatement en apercevant l’énorme araignée brune à quelques centimètres de son pied.
La bestiole poursuivit son chemin, parcourant lentement la bande de béton. Bailey expliqua qu’il la traquait depuis une demi-heure sans s’approcher trop d’elle, parce que après tout c’était une araignée et qu’elle était donc dégoûtante. Fern n’en avait jamais vu d’aussi grosse. Son corps avait la taille d’une pièce de dix centimes, mais avec ses longues pattes elle était aussi large qu’une pièce de cinquante centimes et Bailey semblait très impressionné. C’était un garçon après tout, il aimait les choses répugnantes.
Fern vint le rejoindre sur les marches et observa l’araignée qui prenait son temps pour traverser le perron. La bête se déplaçait comme une vieille dame en promenade, sans hâte et sans peur, sans but apparent, déployant prudemment ses membres longs et grêles. Ils la contemplaient, subjugués par sa terrifiante beauté. Cette pensée surprit la petite fille. Elle était belle alors même qu’elle l’effrayait.